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L'histoire revit au château de Breteuil
Le château de Breteuil a commémoré la participation de la famille de Breteuil à l'Entente Cordiale franco-britannique de 1904 par une reconstitution historique…
Le château de Breteuil à l'heure de l'Entente Cordiale
Faire revivre le château de Breteuil à l’heure de l’Entente Cordiale, tel était le pari de Pauline Bord et Hervé Serrurier, reconstituteurs historiques de l’Histoire Retrouvée. Pour cela ils ont travaillé en partenariat avec Christophe Leray, ancien responsable culturel du château, comédien et président de la Troupe du Crâne, consultant scénographe de l’évènement.
La petite histoire de l'histoire de France
En 1880, le marquis Henry de Breteuil organise une rencontre secrète entre le Prince de Galles et Léon Gambetta. C’est lors de cette rencontre que furent posées les bases du traité franco-britannique, signé à Londres le 8 avril 1904. Passée à la postérité sous le nom d’Entente Cordiale, cet ensemble d’accords bilatéraux mit un terme à un antagonisme de plusieurs siècles entre la France et l’Angleterre.
L’évènement est d’importance pour la famille de Breteuil qui a toujours entretenu d'étroites relations avec la famille royale d'Angleterre. Au nom de cette amitié, le roi Edouard VII demandera en 1912 à Henry de Breteuil d'accueillir son fils, le prince de Galles, futur roi Edouard VIII pour qu'il perfectionne sa connaissance de la culture et de la langue française.
Une journée particulière
Le 3 mai 1905, pour célébrer la signature de l'Entente Cordiale un an auparavant, le marquis de Breteuil reçoit à déjeuner Edouard VII venu pour rencontrer le ministre français des affaires étrangères Théophile Delcassé.
Pour faire revivre cet évènement historique au plus près de la réalité, Pauline Bord et Hervé Serrurier ont effectué plusieurs mois de recherches. Le domaine de Breteuil leur a ouvert ses archives.
Ils ont ainsi pu reconstituer le déroulement de la cérémonie, la liste des invités ainsi que le menu du repas servi ce jour là…
Des scénographies ont été créées en cuisine et dans la salle à manger principale, remplaçant pour l'occasion les traditionnels mannequins de cire du château par des figurants. Christophe Leray s'en explique : "Nous voulions que cette reconstitution soit faite de tableaux vivants afin qu'il puisse y avoir un échange avec le public."
Mettre en scène le patrimoine
Les deux reconstituteurs de "l'Histoire Retrouvée" ont écrit le scénario de cette journée pas comme les autres. La scénographie était signée Christophe Leray, dans un esprit "Gosford Park" ou "Downtown Abbey", une mise en scène de la vie au château à une époque où les châtelains et leur domesticité cohabitaient au sein de la même demeure.
"On s’adapte à l’histoire du lieu déclare Pauline Bord, nous nous sommes rendu compte que la période phare du château de Breteuil, c’était le début du 20ème siècle. Tous les travaux de restauration du château de Breteuil et des jardins tels qu’on les connaît aujourd’hui datent de cette période. D'autre part, le lien avec l'Angleterre était très fort puisque la famille de Breteuil a fréquenté les Windsor durant des années."
Le château était conçu comme une demeure de plaisance. Au début du 20ème siècle, Henry Le Tonnelier, 8ème marquis de Breteuil et son épouse ont entrepris d'importants travaux pour installer le confort moderne : eau courante, électricité, chauffage… et transformer le domaine en une résidence principale propre à recevoir des invités de marque.
Christophe Leray, scénographe et amoureux de l’histoire, ne cache pas son enthousiasme : "Mon activité de scénographie me permet de concentrer tous mes centres d’intérêt. Mon amour pour le patrimoine, mon intérêt pour l’histoire* et ma passion du théâtre. Mettre en scène le patrimoine, je crois que c’est essentiel aujourd’hui, pour le rendre plus vivant, mais aussi plus accessible. L’enjeu est d’associer le fond, sérieux, documentaire, à une forme ludique propre à intéresser le public et à divertir les enfants."
Des tableaux vivants
Le château et le parc de Breteuil se sont, à l'occasion de cette reconstitution, parés d’un air impressionniste. Les figurants étaient habillés en costumes du début du 20ème siècle, pour la plupart réalisés par leurs soins d’après des patrons d’époque et des recherches documentaires. Ils incarnaient chacun un personnage. Du roi Edouard VII à la simple femme de chambre, chacun d'entre eux a eu à cœur de faire vivre son costume et revivre son personnage.
Le château de Breteuil
À l’instar de Vaux-le-Vicomte, le château de Breteuil est un domaine privé. Il est, depuis 1712 la propriété de la famile Tonnelier de Breteuil. Le château de Breteuil est situé en haute vallée de Chevreuse et s'autofinance grâce aux visiteurs.
Lorsque Henri-François de Breteuil, actuel marquis de Breteuil, hérite du château au début des années 70, celui-ci est en triste état. Il entame alors d'important travaux de rénovation, pour lesquels il obtient en 1971 le premier prix des "chefs d'œuvres en péril"*. Il ouvre parallèlement le domaine au public avec une attention toute particulière pour les enfants, s'appuyant pour cela sur les Contes de Perrault, un habitué du château, par des scènes reconstituées grâce aux personnages de cire du musée Grévin. Ce qui vaut au château de Breteuil l'appellation populaire de "Château des Contes".
Des jardins remarquables
Depuis la façade sud du château, on a une perspective de 25 km sur la Vallée de Chevreuse. Une perspective préservée de toute "intrusion" moderne.
Le domaine a été classé monument historique par André Malraux en 1961, ce qui le mit à l'abri de la convoitise des promoteurs qui voulaient transformer le domaine en country-club. Ses jardins à la française et à l'anglaise qui s'étendent sur 75 hectares ont été labellisés "jardins remarquables" en 1973.
L'ensemble comprend un jardin à la française, le "jardin des princes" un jardin de fleurs et de plantes vivaces, le labyrinthe et la forêt. Le tout enclos de murs, avec, en bout de jardin un "ha-ha" ou "saut de loup", qui permet de clore le domaine sans gâcher la perspective visuelle .