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Cinéma : un nouvel avenir pour la Pagode
La Pagode, cinéma mythique du 7ème parisien a fermé ses portes en 2015. Son avenir se dessine aujourd'hui… La Pagode restera un cinéma…
Un futur pour La Pagode, cinéma mythique du 7ème
A deux pas du musée Rodin, la Pagode, unique cinéma du 7ème arrondissement de Paris a fermé ses portes le 10 novembre 2015. Ce lieu mythique niché dans une authentique pagode et qui accueillait chaque année 130 000 spectateurs fera peau neuve avant de rouvrir, toujours sous forme de salle de cinéma grâce à l'intervention providentielle d'un mécène américain.
Il était une fois…un cinéma dans une authentique Pagode
La Pagode date de 1896. Cet édifice, bel exemple du japonisme en cours à l'époque a été construit 57 bis rue de Babylone pour le compte du directeur du Bon Marché, François-Émile Morin, qui en fait cadeau à son épouse Amandine. Ce cadeau royal n'empêche pas la belle de quitter son époux et d'organiser dans La Pagode de nombreuses réceptions mondaines dans l'esprit orientaliste de ce XIXème siècle.
Amandine émigre aux Amériques avec son nouvel amoureux et et la Pagode est vendue. Elle continuera sa carrière de lieu de réception avant d'être fermée en 1927 et finalement sauvée de l'abandon par le 7ème Art.
La Pagode devient donc un cinéma en 1931. Elle devient un haut lieu du cinéma d'art et d'essai sous le patronage de l'AFCAE (Association Française des Cinémas d'Art et d'Essai).
C’est à la Pagode devenue un cinéma que furent projetées les premières oeuvres de Luis Buñuel, Jean Renoir et, plus tard, Jean Cocteau.
Dans les années 50, la Pagode, à l'instar du Louxor, devient un des lieux emblématiques de la la nouvelle vague et programme des films de réalisateurs comme François Truffaut, Jean-Luc Godard, Eric Rohmer, Jacques Rozier…
En 1959, Jean Cocteau avait choisi la Pagode pour la toute première projection du "Testament d’Orphée".
Cinéma indépendant depuis le début des années 2000, La Pagode proposait des films de grands cinéastes (Luis Buñuel, Woody Allen, Pedro Almodovar, Nanni Moretti, Emir Kusturica, Amos Gitaï...) mais aussi des festivals ou des débats avec des réalisateurs.
La pagode monument historique
Pour réaliser cette "folie", Alexandre Marcel, l’architecte, s’est inspiré du sanctuaire Toshogu de Nikko au Japon. Pour plus d’authenticité, il fera venir du Japon des fresques, des tentures et des poutres sculptées.
En 1973, sous l'impulsion de Louis Malle et de son frère Vincent, gérants du lieu, la Pagode s'est modernisée, s'est vue dotée d'une nouvelle salle de cinéma en sous-sol, on a rénové sa façade, créé un jardin japonais et ouvert un salon de thé.
Au début des années 2000, la Pagode rouvre ses portes après 3 ans de remise en état, notamment de sécurité, mais les travaux sont restés incomplets. Une bâche recouvre toujours le toit et, à l'intérieur, dans la salle "japonaise", le plafond à caissons doit être soutenu.
Le jardin japonais est aujourd'hui inscrit au titre des monuments historiques et la façade, les toitures et la grande salle "japonaise" sont classées. On sait aujourd'hui que la Pagode sera assurément rénovée et qu'elle gardera sa vocation de cinéma à sa réouverture, tout en retrouvant sa vocation première de lieu de fête (voir en fin d'article).
Dernière séance à la Pagode
Depuis sa réouverture au début des années 2000, la cinéma La Pagode est géré par le Groupe Étoile Cinémas, qui gère également d'autres cinémas, à Paris, en banlieue et en province.
A l'issue de 3 ans de procédures, le Groupe Étoile a annoncé officiellement la décision de justice confirmant leur expulsion du cinéma La Pagode, dont la dernière séance interviendra le 10 novembre prochain. Les deux derniers films projetés : Youth, présenté au dernier festival de Cannes et Marguerite.
Elisabeth Dauchy, à la tête du fonds d'investissement Ruysdael et PDG de Rembrandt Investissement propriétaires des lieux a déclaré dans un communiqué daté du 10 novembre 2015, date de la fermeture de la Pagode « J’ai depuis longtemps un très fort attachement au 7ème art et La Pagode est une salle de cinéma magnifique, un morceau d’histoire de Paris. Je souhaite qu’elle soit rénovée avec soin par un architecte et des techniciens de talent. Ses portes fermeront le temps de réaliser les travaux nécessaires mais La Pagode restera un haut lieu culturel à sa réouverture. ». Dont acte…
Un nouveau destin pour la Pagode
Octobre 2017 : Elisabeth Dauchy vient de céder l’emblématique cinéma du 7e arrondissement au distributeur américain de films francophones, Charles S. Cohen.
Charles S. Cohen a déclaré: « C'est un honneur et un privilège d'acquérir ce cinéma emblématique qu'est La Pagode. Je suis amoureux du cinéma français depuis plus de cinquante ans et, désormais, posséder un tel lieu chargé d'histoire, au cœur de la capitale de la cinéphilie, me ravit. Nous allons restaurer La Pagode et lui permettre de retrouver son prestige d'autrefois grâce à une équipe d'experts et de professionnels talentueux. Nous avons hâte de faire revivre cette salle merveilleuse pour qu'elle rouvre ses portes aux spectateurs français les plus exigeants »
Charles Cohen est un cinéphile, magnat américain de l'immobilier. Il est déjà propriétaire aux États-Unis de plusieurs salles d'art et d'essai qu'il a restauré (notamment le Quad, à New York) et mécène de plusieurs cinémathèque européennes. Il est également co-producteur du documentaire d'Agnès Varda et JR "Visage Villages", primé Œil d'Or au dernier Festival de Cannes. Il entend redonner à la Pagode son lustre d'antan…
La Pagode restera un cinéma
L'avenir de la Pagode, encore incertain il y a peu de temps, semble maintenant défini : la Pagode restera un cinéma, et l'activité cinématographique y sera même renforcée par l'ouverture en sous-sol d'une troisième salle. La salle du rez-de-chaussée, quant à elle, accueillera des manifestations culturelles ou évènementielles (premières, concerts, défilés de mode…).
Le bâtiment en lui même sera mieux mis en valeur. Après restauration, le public aura une meilleure vue sur le bâtiment et la cour-jardin depuis la rue et l'entrée. Réouverture prévue en 2020.
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