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Explicite, une nouvelle idée du journalisme
Explicite, c'est un collectif de journalistes qui a pour ambition de créer un nouveau modèle d'information indépendant centré vers l'intérêt du public et exploitant la puissance des réseaux sociaux.
L'engagement d'Explicite : "on y sera !"
#Explicite, c’est un collectif de journalistes, un nouveau média qui veut "être à l’écoute des gens et répondre à toutes les questions qu’ils se posent sur un monde en perpétuel changement et une information parfois difficile à décrypter". Explicite, c’est une association fondée par une cinquantaine d’ex-journalistes d’i-télé, qui a été lancée officiellement hier lors d’une conférence de Presse et qui prendra son essor le 20 janvier lors de l’investiture du nouveau président des États-Unis. Pas côté officiel, mais aux côtés des américains, dans la rue, dans la vraie vie…
Une rédaction prête à l’emploi
Pourquoi un nouveau média ? Parce que tous ces journalistes, reporters, rédacteurs en chef, réalisateurs… sont la substantifique moelle qui permettrait de reformer "on snap", une nouvelle rédaction si par hasard un investisseur "éthique" passait par là. Une équipe déjà formée, soudée, qui a l'habitude de travailler ensemble et qui aime à le faire… Plutôt que d’attendre qu’on s’intéresse à eux, ils ont décidé de se lancer. Seuls, dans un premier temps. Sans business model "ce n'est pas notre métier", sans financements, sans salaires, mais tous habités par la passion de leur métier… Impatients de prouver que le modèle est viable plutôt que de lancer un tour de table d'investisseurs basé sur d'hypothétiques promesses.
#Explicite, c’est le nom de ce média qui se veut farouchement attaché à la liberté de la Presse, et entend utiliser la puissance des réseaux sociaux pour lancer un modèle de média innovant "qui fasse sens, sans populisme ni démagogie".
Au delà de l’intention journalistique, il y a une volonté de mettre à l'épreuve un nouveau modèle de média "au service des gens" où le savoir-faire prévaut. Pour l’instant, les journalistes ne se rémunèrent pas, l’idée n’est pas d’investir dans du matériel coûteux mais de capitaliser sur les compétences de chacun et faire appel dans un premier temps au crowdfunding pour couvrir les frais de fonctionnement.
Préserver la liberté de la Presse
Dans le dictionnaire, Explicite, c’est ce qui est formulé clairement et sans ambiguïté. Contre la dictature des investisseurs et autres éléments de pression, Explicite entend avant tout préserver sa liberté d’expression. Olivier Ravanello, ancien grand reporter d’i-Télé et président de l’association a été très clair sur le sujet : "On ne touche pas à l’indépendance des journalistes. Ça devrait être une évidence en France". Si un investisseur veut financer le projet, il lui faudra d’abord garantir qu’il n’y aura pas d’ingérence dans la ligne éditoriale de l’agence.
Le nouveau média a pour ambition de produire et proposer des contenus journalistiques, notamment des live interactifs avec des spécialistes et des reporters. En toute indépendance et en posant un regard neuf sur les grands sujets d’actualité. "Notre démarche consiste à mettre le public au coeur du projet", a expliqué Olivier Ravanello.
Une chaîne d’info à la demande 100% réseaux sociaux
Créer des contenus traités sous un angle différent, sans contrainte de temps, de média ni de format, et utiliser l’inbound marketing pour contourner le filtre des réseaux sociaux, tel est le défi de l'équipe d’Explicite : arriver à faire venir les internautes de manière régulière sur leurs comptes Facebook, Twitter et YouTube pour y trouver l’info qui les intéresse au moment où ça les intéresse et pouvoir interagir avec les journalistes.
Une démarche innovante qui suscite la réflexion
La démarche des journalistes associés d’Explicite est intéressante et mérite d’être suivie en tant qu'elle nous amène à réfléchir sur les évolutions et les réalités de notre société :
La réalité d'un métier :
• La liberté de la Presse dont on sait depuis longtemps qu’elle est malheureusement soumise à des pressions exogènes, politiques et économiques… C’est d'ailleurs bien la querelle entre une éthique journalistique et les exigences d'un investisseur qui a conduit à la démission d’i-télé des journalistes du collectif.
• Qu’est-ce qui définit le journaliste ? Son savoir-faire, le regard qu’il porte sur l’actualité ? Ou son appartenance (ou rattachement) à un "média" reconnu qui assure la majorité des ses rémunérations et lui donne les moyens d’exercer correctement sa profession (obtention de la carte de Presse, accréditations, défraiements…) ?
• Qu’est-ce qui fait la qualité d’un média ? Sa "puisssance" financière, propre à rassurer (ou motiver) les investisseurs ? Ou les compétences de ses forces vives, les journalistes, l'originalité et la qualité des contenus ?
La réalité économique :
• Créer son propre média. Privé de la possibilité d’exercer son métier de manière "traditionnelle" dans un environnement professionnel où les places sont rares, le journaliste, s'il veut continuer à exister et à exercer le métier qu'il a choisi, même si, bien sûr, il lui faudra trouver un moyen d’assurer sa subsistance, n'a pas d'autre choix que de devenir franc-tireur et d'exercer, bénévolement, un métier pour lequel il était auparavant rémunéré. En attendant mieux. "On n'allait pas rester chez nous les bras croisés. Lors de l'investiture de Trump, on y sera !".
• Créer son Business Model. Il s'agit ici de trouver sa place et peut-être inventer un nouveau paradigme dans le contexte d’une Presse qui tente de sortir des anciens modèles économiques pour trouver un nouveau souffle dans un monde connecté où chacun peut-être désormais contributeur de l’information.
La réalité administrative :
• Sortir du cadre. Difficile de sortir du modèle administratif convenu. Privés du soutien "officiel" d’un grand média "reconnu", combien de ces journalistes pourront renouveler leur carte de Presse et garder la possibilité d’accéder de manière privilégiée à l’information. Il s'agira donc d'être créatif…
La réalité du web et des réseaux sociaux :
• Visibilité sur Internet. Il faudra passer outre la difficulté de construire sur le long terme une communauté et une audience sur des réseaux sociaux dont le modèle économique se base sur une diffusion payante des contenus et qu'il faudra compenser par l'inbound marketing.
• Tenir la distance. L'internaute est par essence infidèle. Il faudra donc arriver à maintenir son intérêt sur le long terme. Seule la qualité éditoriale, l’intérêt de l’angle de traitement de l’info et l’originalité des contenus pourra assurer cette pérennité. Et encore… La tentation pourrait être grande de faire du sensationnel pour obtenir de l'engagement, base d'une visibilité organique "correcte" sur les réseaux sociaux. Pour l'instant, les journalistes d'Explicite affirment qu'ils n'y cèderont pas…
• Rester indépendants. Tous les spécialistes du web vous le diront, il y a un risque important à confier ses contenus à des plate-formes dont on ne maîtrise pas les évolutions, ni techniques ni stratégiques. Avec, en plus, la difficulté d'exister sur la toile sans site d'agrégation de contenus, donc sur un référencement naturel quasi-inexistant. Avec la gageure d'un nom propre qui est aussi un nom commun dans un sens pas toujours journalistique. Allez vanter sur Facebook les mérites d'une vidéo explicite…
Ce nouveau modèle sera-t-il viable ? Les internautes resteront-ils au rendez-vous ? Autant de questions qui restent en suspens. La liberté de la Presse est une chose précieuse et on leur souhaite de réussir.
Et de pouvoir tenir leur engagement "On y sera !"