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Le Procope, premier café parisien
Plus ancien café de Paris aujourd'hui restaurant de tradition, le Procope vous accueille sous les lambris du siècle des Lumières…
LE PROCOPE, CAFÉ DU SIÈCLE DES LUMIÈRES
En pénétrant au "Procope", le plus ancien café de Paris, sous ses lustres en cristal, au milieu de ses meubles en acajou, ses miroirs, ses peintures, ses bibliothèques de livres anciens et ses lambris, 3 siècles d'histoire vous accueillent. Anciennement antichambre de la Comédie Française, des Fossés St Germain et du théâtre de l'Odéon, le Procope véhicule encore aujourd'hui une historique tradition littéraire, politique et intellectuelle du Paris du Siècle des Lumières.
Le Procope, un jalon dans l'histoire… du café
Il fut une époque où, après l'introduction du café (la boisson) à la cour de France par l’Ambassadeur extraordinaire de Turquie Soliman Aga, arriva à Paris un gentilhomme sicilien de Palerme du nom de Francesco Procopio dei Coltelli (plus connu ensuite sous le patronyme de François Procope-Couteaux), qui travaille d'abord comme garçon de café avant de se mettre à son compte et de racheter un établissement rue des Fossés Saint-Germain (aujourd’hui rue de l’Ancienne Comédie) qu'il ouvre en grande pompe en 1689 : "Le Procope".
L’excellence des boissons et des sorbets qu’il y offrait à consommer, le cadre agréable et le voisinage de l’Ancienne Comédie Française firent que son établissement devint très rapidement le lieu de réunion des beaux esprits, faisant même concurrence au très couru "Café de la place du Palais Royal".
Montesquieu fait allusion au café Procope dans "Les lettres persanes" :
« Le café est très en usage à Paris : il y a un grand nombre de maisons publiques où on le distribue. Dans quelques unes de ces maisons on dit des nouvelles, dans d’autres on joue aux échecs. Il y en a une où l’on apprête le café de telle manière qu’il donne de l’esprit à ceux qui en prennent : au moins, de tous ceux qui en sortent, il n’y a personne qui ne croie qu’il en a quatre fois plus que lorsqu’il y est entré. »
L'inventeur du percolateur et des garçons de café
De fait, l'histoire du Procope est intimement liée à l'histoire du café. C'est en effet au Procope que l'on adopta une nouvelle manière de préparer le café. En abandon de la méthode "turque", par percolation, en faisant passer de l'eau chaude à travers la mouture retenue par un filtre. C'est au Procope également que l'on trouve les premiers "Garçons de café".
Une tradition théâtrale
En 1689 Molière et la troupe de la Comédie Française s’installent en face du Procope, au numéro 14 rue des Fossés Saint-Germain (ancienne salle des Fossés Saint-Germain, qui accueille la troupe des « Comédiens du Roy »).
Le Procope devint vite le foyer du théâtre, et se vit fréquenté par des critiques littéraires et théâtraux, des dramaturges, des écrivains et des philosophes (et aussi parce que l'établissement était plus luxueux, mieux tenu et mieux "famé" que les tavernes de l'époque).
C'est au Procope que Beaumarchais vint se réfugier pour attendre l'accueil réservé à son "Mariage de Figaro" joué à l'Odéon.
Le premier café littéraire du monde était né et durant plus de deux siècles, Le Procope reçut en ses murs tout le gratin du monde des lettres, des arts et de la politique.
Le pari de l'excellence culinaire
Le vieux Procope a été vendu aux enchères en 1900 et, après être passé entre les mains de plusieurs propriétaires et être resté fermé durant plusieurs années, il est acquis en 1957, par Michel Deroussent qui compte sur une carte d'excellence pour ranimer le lieu : Canard aux Cerise (Recette attribuée à Diderot), Caille aux Raisins, et, en saison, un excellente carte de gibiers. et une cave.
Aujourd'hui « L’entrecôte est cuite avec la même précision que le merlan Colbert, et le menu « Philosophes » a bien la qualité française, avec le tartare ou la truite meunière »*.
On vous y servira aussi, outre le plateau de fruits de mer ou "plateau rouge", assemblage de homard, tourteau, araignée de mer, langoustines et crevettes, le Coq au Vin "ivre de Juliénas", la Tête de Veau en cocotte, le Merlan "Colbert" sauce tartare, le Pâté en Croûte Richelieu ou, tradition parisienne oblige : le Tartare de Charolais au couteau.
Pour les amateurs de desserts, le Tiramisù renvoie aux origines italiennes du lieu de même que la mousse glacée à l'Amaretto et au caramel.
Depuis 1985, ce sont les Frères Blanc qui tiennent aujourd'hui les rênes de ce café mythique, dans la plus pure tradition des grandes brasseries parisiennes.
Côté décoration, des éléments subsistent du VVIIème et XVIIIème siècle, comme le tricorne de Napoléon, ou encore le bureau de Voltaire. Le papier peint, le croiriez-vous, date de 1830 et le poêle de 1686 !
L'ombre du Siècle des Lumières
Voltaire disait du Procope que « seul l’esprit (y) tenait lieu de carton d’invitation »
De fait, le Procope a servi longtemps de lieu de réunion aux écrivains, penseurs, philosophes, encyclopédistes et politiques du "Siècle des Lumières" qui avaient coutume de s'y retrouver pour y mener débat et poser les bases d'une nouvelle société. La Fontaine, Anatole France, Voltaire, Rousseau, Beaumarchais, Balzac, Hugo, Verlaine ont ainsi fréquenté assidûment le Procope...
Côté politique, on y retrouve Buonaparte alors simple lieutenant (qui y laissa son tricorne pour payer son écot), Diderot et d'Alembert, Danton et Robespierre, Marat (dont "L'Ami du Peuple" est édité dans une imprimerie située juste à côté)… mais aussi Benjamin Franklin qui y rédigea dit-on une ébauche de la Constitution américaine.
C'est aussi au Procope que fut porté, pour la première fois, le bonnet phrygien, symbole de la révolution française.
Gérard de Nerval dans "Les Illuminés", évoque le célèbre café :
" Il alla se planter à la sortie des acteurs qui correspondait au carrefour de Buci. La petite porte était encombrée de laquais, de porteurs de chaises, de soupirants malheureux qui, comme Nicolas, brûlaient d'un feu pudique pour telle ou telle de ces demoiselles. C'étaient généralement des courtauds de boutique, des étudiants ou des poètes honteux échappés du café Procope, où ils avaient écrit pendant l'entracte un madrigal ou un sonnet …"
Salon littéraire et salons privés
Fidèle à sa tradition littéraire, le Procope a lancé, en septembre 2011 le "Prix Procope des Lumières" qui récompense chaque année l'auteur d’un essai politique, philosophique ou sociétal, écrit en langue française et paru en librairie pendant l‘année en cours, du 1er janvier au 30 novembre.
Les œuvres doivent présenter un éclairage particulier sur des thèmes de notre temps, dans une tradition critique et polémique, dans la droite lignée de l'esprit des écrivains et philosophes qui ont présidé au changement de paradigme sociétal de la société française de 1789.
Le premier prix Procope des Lumières récompense en 2012 Ruwen Ogien et son essai "L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine" (Grasset)
La seconde édition a récompensé, le 16 janvier 2013, Clément Rosset pour son essai "L’invisible" (Éditions de Minuit).
Au 1er étage de l'établissement le Procope propose 5 salons privés aux noms évocateurs (Franklin, Lafayette, Diderot…) que vous pouvez privatiser. Peut-être serez vous alors tenté par ce salon privé qui affiche, sur ses murs, le texte de la Déclaration des Droits de l'Homme de 1789. De quoi vous sentir, vous aussi, faire partie de l'histoire…